Le petit fugitif

Publié le 7 Avril 2009

Film américain de Morris Engel, Ruth Orkin, Ray Ashley – 1h20 - avec Richie Andrusco, Richard Brewster, Winifred Cushing  

Avec son bluejean, ses baskets, son teeshirt et sa bouille toute ronde, il incarne l'Amérique des années 1950. Celle de la rue. Où Joey 7 ans, passe le plus clair du temps qu'il ne flingue pas devant la télévision dans l'appartement modeste où il vit avec sa mère, employée dans un grand magasin, et son frère ainé Lennie. Le gamin se nomme Richie Andrusco, il a fait en 1954 la couverture des « Cahiers du cinéma », il est aujourd'hui âgé de 63 ans. Le film, lui, va sur ses 56 ans, il est en noir et blanc et ne ressemble à rien de connu. A rien d'américain en tout cas, si ce n'est à des films qui viendront plus tard, les premiers de John Cassavetes notamment, grand admirateur de ce Petit Fugitif dont François Truffaut ira répétant que sans lui ni Les Quatre Cents Coups ni A bout de souffle n'auraient existé. Un film réalisé au moyen d'une caméra 35 mm ultracompacte, par des gens sans pratiquement aucune expérience du cinéma, des photographes désireux de capter la vie comme bien peu alors l'avaient filmée, Renoir dans Toni sans doute, Rossellini aussi.

Barbe à papa, manèges, poney, ramassage de bouteilles de soda sur la plage, brefs moments de désarroi, exercices d'adresse, et tout autour la foule des anonymes, de ceux que le cinéma aujourd'hui encore montre si peu et la télévision, qui pourtant est faite pour cela, pas du tout. Familles en goguette, amoureux qui se bécotent, photographes de foire, cowboys pour rire, tranches de pastèque, parties de rigolade, course pour se protéger de la pluie, chaque image est à tomber, le suspense est dans chaque plan, cela dure 80 minutes à peine, c'est inoubliable.

Le Nouvel Obs

 

Rédigé par Huit et Demi

Publié dans #Films projetés

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