Les larmes de Madame Wang

Publié le 6 Mai 2008

Film chinois, sud coréen, français de Liu Bingjian -1h30 -  avec Liao Qin, Wei Xingkun

 

Les larmes de Madame Wang ne coulent pas en Chine. Le film y est interdit. Et même en France, il a fallu attendre six ans pour qu’il soit distribué après sa présentation à Cannes. Il avait été tourné et monté en douce, sans autorisation officielle. The Back, le nouveau projet du réalisateur, a quant à lui été arrêté, comme le reste du cinéma chinois, dans l’attente des Jeux olympiques.Contrairement à ce que peut laisser croire le titre, les Larmes de Madame Wang est une comédie et, qui plus est, drôle.

La pauvre Wang est accablée d’un mari joueur et alcoolo, ainsi que de la fille de la voisine, qui la lui a confiée avant de se tirer. La mioche refuse obstinément de manger d’un bout à l’autre du film et pleure de façon très convaincante quand on lui hurle dessus (normal pour une actrice de deux ans et demi). On ne se privera pas de noter la valeur toute symbolique de cette anorexie durable.

S’il y a un aspect documentaire chez Bingjian, qui s’inspire de la réalité quotidienne (le salon de l’héroïne est décoré de posters représentant Mao, des pop stars et des chatons ravissants), si la satire politique et sociale y cogne fort (les yeux de merlu du directeur de prison à qui Madame Wang va s’offrir pour tenter de faire libérer son mari), il y souffle surtout un doux vent de folie qui culmine dans une séquence de funérailles : la procession serpente dans tout l’écran comme une moquerie de Brueghel, au rythme d’une musique pop interprétée en acoustique par les musiciens présents.

Endiguées par la rage et la parodie, les Larmes de Madame Wang finiront cependant par débonder, aussi longues et belles que celles de Françoise Lebrun dans la Maman et la Putain. Elles aussi sont le signe inoubliable d’un temps historique navré.

Libération

Rédigé par Huit et Demi

Publié dans #Films projetés

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