Le sel de la mer

Publié le 21 Octobre 2008

Film franco-palestino-espagnol d’Annemarie Jacir – 1h49 - avec Suheir Hammad, Saleh Bakri, Riyad Ideis.

Sur ces quelques kilomètres carrés, il s’est tourné tant de mètres de pellicule qu’on croit avoir tout vu des Territoires palestiniens occupés par Israël. C’est la force première du Sel de la mer, premier film d’une cinéaste palestinienne qui a étudié aux Etats-Unis, que de dévoiler une autre Palestine, un autre Israël. Non que la réalité ait changé, c’est le regard qui est neuf.

Ce regard neuf est présent à l’écran. C’est celui de Suheir Hammad, l’interprète du rôle principal. Cette poète-slameuse new-yorkaise est aussi une réfugiée palestinienne, dont les parents ont grandi dans les camps de Jordanie. Soraya, son personnage, lui ressemble. On la découvre au moment où elle débarque à l’aéroport de Tel-Aviv, protégée par son passeport américain, accablée par son patronyme et sa généalogie. Pour passer la barrière, il lui faut répéter trois fois sa généalogie : elle est née à Brooklyn, ses parents sont nés au Liban, son grand-père à Jaffa, les trois étapes de l’exil : le pays, les camps de réfugiés, la diaspora.
Annemarie Jacir filme Israël avec un mélange d’émerveillement et de colère que Suheir Hammad confère à Soraya.
On suppose que c’est maintenant la colère qui l’a emporté chez la cinéaste. Avant même la fin du tournage, elle s’est vu interdire l’entrée en Israël et dans les territoires. A ce jour, Annemarie Jacir ne peut toujours pas mettre les pieds à Ramallah.

Le Monde

Rédigé par Huit et Demi

Publié dans #Films projetés

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